Il existe deux Leylah Fernandez. Il y a l’adolescente réservée, qui s’entoure de peu d’amis. Et il y a la joueuse de tennis qui veut animer le spectacle dans les plus grands stades du monde.
C’est la seconde Leylah qui s’est présentée sur le court Arthur-Ashe des Internationaux des États-Unis vers 19 h, vendredi.
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C’est elle qui a brandi le poing au fil des coups gagnants qu’elle infligeait à la troisième mondiale.
Et c’est elle qui a célébré, les bras dans les airs, ce score de 5-7, 7-6 (2) et 6-4 en sa faveur.
Ça devait être l’immense stade bondé, la frénésie des fans, l’euphorie de cet énorme moment. Car jamais n’avait-on vu la Lavalloise de 18 ans aussi confiante, aussi exubérante que dans sa victoire – sa plus importante à ce jour – face à la Japonaise Naomi Osaka.
«Une artiste»
«C’est ça Leylah, a expliqué au Journal son papa et entraîneur, Jorge Fernandez. C’est une artiste! Elle est très privée, très réservée. Mais elle connaît son métier et elle veut donner un show. Elle aime faire vivre des émotions.»
Car il existe deux genres de joueurs. Il y a ceux qui foulent le central du plus grand stade de tennis au monde la peur au ventre, impressionnés par ses quelque 23 000 places assises.
Et il y a ceux qui arrivent dans l’arène avec comme but d’offrir leur plus belle prestation devant cette foule déchaînée.
«À la maison, je suis très calme. Mais vendredi, je suis entrée sur le terrain avec comme mentalité de performer, de faire le spectacle, de m’amuser, a dit la Québécoise, hier. Je ne voulais pas juste regarder la balle de tennis passer.»
Pour Jorge Fernandez, c’est en partie cette attitude qui permettra à sa fille de continuer à gravir les échelons du classement de la WTA. «Elle doit montrer cette confiance, car elle joue contre des caractères très forts. Il faut qu’elle soit combative aussi», a-t-il analysé.
Nerveuse, mais en confiance
Leylah a reconnu qu’elle était nerveuse au moment de fouler le Arthur-Ashe, qu’elle voyait bondé pour la première fois. Mais la jeune athlète était aussi très confiante.
«Mais quand je suis arrivée sur le terrain, j’étais heureuse, a-t-elle dit après le match. J’ai tenté d’utiliser l’énergie de la foule à mon avantage. Ça m’a aidée, c’est sûr. Au moment où j’ai frappé ma première balle, je me suis dit que j’étais venue pour travailler.»
Pourtant, à l’autre extrémité du court se trouvait une joueuse que Fernandez respecte, admire même. Une fille qui possède quatre trophées du Grand Chelem, qui a été numéro 1 mondiale, et qui n’hésite pas à se lever pour défendre les enjeux auxquels elle croit : l’égalité des races, la santé mentale.
Et aussi, une athlète à qui elle concédait 70 rangs au classement féminin – Osaka est troisième et Fernandez, 73e.
«Je l’ai vue gagner le US Open, son premier US Open. Je l’ai vue remporter l’Open d’Australie l’année suivante. La voir en action et apprendre de son jeu m’a aidée à devenir la joueuse que je suis aujourd’hui», a analysé la Lavalloise.
Leylah Fernandez aura besoin du même genre de confiance dimanche, lorsqu’elle se mesurera à l’Allemande Angelique Kerber, 16e favorite. Une fille, qui comme elle, est gauchère. Et qui comme Osaka, a remporté des tournois du Grand Chelem.