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LNH

L’extase après les sacrifices

Jean-François Chaumont

Publié | Mis à jour

Yanni Gourde a reçu la coupe Stanley des mains de Cédric Paquette, au centre de la glace, au Rogers Place d’Edmonton. Il l’a brandie au-dessus de sa tête pour quelques secondes seulement, en plus de lui offrir un traditionnel baiser.

En temps réel, cette scène de pur bonheur se déroule sur 15 petites secondes. Mais avant qu’il redonne la coupe au gardien numéro deux Curtis McElhinney, plusieurs pensées se bousculaient dans son esprit. C’était comme s’il revoyait plusieurs étapes de sa carrière défiler.  

«Je pensais à tous les efforts et les sacrifices de l’équipe, mais aussi aux sacrifices personnels, a dit Gourde, en entrevue téléphonique avec Le Journal. Tu arrives enfin au bout du chemin, il n’y a rien de plus joyeux. Je pensais aussi aux sacrifices de ma famille et de ma conjointe, Marie-Andrée, qui restait avec notre petite Emma depuis plusieurs semaines.»

«Je pensais à tout ce que nous avons traversé avec le Lightning au cours des dernières saisons, avec les déceptions en séries. Quand tu soulèves la coupe, tu oublies tout ça. Tu réalises ton rêve, tu réalises l’objectif ultime. C’était vraiment spécial. Il n’y a pas vraiment de mots justes pour décrire les sentiments que tu ressens.»

«Mais pour ajouter à la beauté du moment, c’est Ced [Cédric Paquette] qui m’a remis la coupe, a-t-il continué. Je suis très proche de lui. Quand je l’ai vu prendre la coupe, je me demandais si j’étais pour être le prochain à l’avoir. Il s’est retourné vers moi et il m’a donné le trophée. J’étais vraiment content de la recevoir de ses mains. C'est un bon ami depuis plusieurs années, je trouvais ça spécial, de partager ce moment avec lui. Je ne l’oublierai jamais.»

Un invité à Victoriaville  

L’histoire de Gourde, c’est aussi celle du battant. Jamais repêché dans la LNH, il a reçu sa première chance avec le Lightning à sa quatrième saison chez les pros. Avant ça, il avait roulé sa bosse à Worcester et Syracuse, dans la Ligue américaine, et obtenu des passages à San Francisco et Kalamazoo dans l'ECHL.

Après 20 matchs avec le Lightning en 2016-2017, il a gagné un poste à temps plein la saison suivante avec l’équipe de Jon Cooper.

Dans la LHJMQ, le petit attaquant originaire de Saint-Narcisse-de-Beaurivage a également eu à confondre les sceptiques avant de faire sa place. Même là, il n’a jamais été repêché. À l’été 2008, il s’était présenté au camp des Tigres de Victoriaville avec un simple carton d’invitation.

À sa dernière année dans la LHJMQ avec les Tigres en 2011-2012, il a terminé au sommet des marqueurs du circuit, avec 124 points (37 buts, 87 passes) en 68 matchs.

«Quand je repense à mon parcours et au fait que je suis maintenant un gagnant de la Coupe Stanley, ça me procure une fierté encore plus grande, a affirmé Gourde. J’ai travaillé fort, j’ai bûché pour faire ma place. Mais tout le monde travaille fort pour atteindre la LNH et pour gagner la Coupe Stanley, il n’y a rien de facile. Ce n’est pas un secret, mais je venais de loin. J’ai surmonté plusieurs obstacles pour tracer mon chemin.»

Au centre  

En séries, Gourde a joué un rôle vital pour le Lightning, avec 14 points (7 buts, 7 passes) en 25 matchs. Il était au centre d’un très bon troisième trio avec les deux nouveaux, Blake Coleman et Barclay Goodrow.

«Si j’étais un meilleur coach, j’aurais probablement placé Yanni au centre plus rapidement que pour le début des séries», avait lancé Jon Cooper avant le début de la finale contre les Stars de Dallas.

«Je profitais plus de ma rapidité, j’avais plus d’espace et je pouvais contrôler un peu plus le jeu, a renchéri Gourde. J’ai aussi développé une très belle complicité avec mes compagnons de trio, Coleman et Goodrow. Je me déplaçais parfois à l’aile, puisque Goodrow pouvait aussi prendre des mises en jeu, ça tournait pendant un match. Mais oui, j’ai gagné en confiance en revenant au centre. Je dois aussi dire que nous avons profité de notre stabilité. C’est quand même impressionnant de jouer 25 matchs avec les mêmes trois premiers trios.»

Un retour à la maison  

Gourde se trouvait à l’aéroport de Tampa quand il a répondu aux questions de l’auteur de ces lignes. Il devait, quelques heures plus tard, renouer avec sa fillette de 2 ans, Emma, et se promettait de poursuivre la fête pour encore quelques jours avec sa famille.

Après les célébrations, Gourde croisera les doigts pour rester avec le Lightning. Julien BriseBois devra faire des choix déchirants afin de respecter la masse salariale pour la saison 2020-2021. Le DG du Lightning devra offrir de nouvelles ententes aux jeunes Anthony Cirelli, Mikhaïl Sergachev et Erik Cernak. Pour y parvenir, il aura besoin de libérer quelques millions.