Patrick Roy ne s’est jamais caché pour affirmer haut et fort qu’il était en faveur de l’interdiction des bagarres au hockey junior depuis que le dossier a refait surface, l’an passé.
Invité à réagir sur la proposition de resserrement des règles qui a été refusée par les propriétaires des équipes de la LHJMQ, Roy a qualifié cette impasse de «regrettable».
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L’assemblée des membres représentant les 18 propriétaires a opté pour le statu quo jeudi dernier sur l’ajout d’une infraction de mauvaise conduite (de 10 minutes) aux cinq minutes de pénalité déjà prévues lorsque deux joueurs jettent les gants. La proposition visait aussi à faire passer de 10 à 5 le nombre de bagarres permises avant qu’un joueur soit suspendu.
«Il y a un souhait dans notre ligue d’enrayer les bagarres, mais le seul problème qu’on a, c’est le mécanisme à l’intérieur de ça. Le gars est-il expulsé du match? Est-ce un 10 minutes de mauvaise conduite? C’est quoi les conséquences? C’est là où il y a une mésentente, soit sur les façons de faire.»
«Cela dit, c’est sûr qu’il y a des organisations qui n’ont aucune excuse de voter... Je trouve ça regrettable qu’on ne soit pas capable de s’asseoir et qu’on ne trouve pas une méthode qui plairait à tout le monde. [...] Moi, un gars qui se bat, je ne serais pas content qu’il soit suspendu pour un match, mais qu’il soit exclu du match, je suis capable de vivre avec ça», a commenté mardi l’entraîneur-chef et directeur général des Remparts de Québec, rappelant que les athlètes étaient automatiquement exclus d’un match dans les autres sports comme le baseball, le basketball et le football.
Ministre mécontente
La décision des propriétaires aurait fait sourciller la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, selon ce qui circule en coulisses, au moment même où le gouvernement s’apprête à octroyer une importante aide financière de plusieurs millions de dollars aux 12 formations québécoises de la LHJMQ.
La ministre avait d’ailleurs mis publiquement de la pression sur le circuit Courteau pas plus tard qu’en février dernier afin qu’une réglementation plus sévère entourant les bagarres soit adoptée.
«Elle a raison de ne pas être contente, mais je pense qu’il y en a qui ne sont pas ouverts à ça [une réglementation plus sévère] et en même temps, ils ne réalisent pas ce que l’opinion publique veut avoir. Et une grosse partie de l’opinion publique veut qu’on enraye les bagarres», a mentionné Roy.
Des équipes «suiveuses»
Selon les informations de La Presse, 10 équipes sur 18 ont voté pour la proposition, mais celle-ci devait obtenir les deux tiers des votes pour être approuvée. Parmi les huit équipes ayant voté contre celle-ci, on retrouve les Voltigeurs de Drummondville, les Olympiques de Gatineau, les Huskies de Rouyn-Noranda et les Foreurs de Val-d’Or, toujours selon le même média. Les quatre autres sont basées dans les Maritimes.
«Dans les quatre marchés qui ont voté contre, là-dedans, il y a qui font du lèche-vitrine avec d’autres organisations. [...] Les équipes dans les Maritimes ont de l’influence sur certains gars du Québec.»
«Les Maritimes ont un code d’arbitrage différent du nôtre où ils [les arbitres] sont plus permissifs au niveau de la robustesse, etc. C’est clair que le nœud de la guerre est là-bas. En même temps, on en a quatre de notre bord [au Québec] qui sont peut-être suiveux un peu», a soufflé le membre du Temple de la renommée.
Les bagarres sont en baisse dans le circuit Courteau depuis 10 ans. Elles sont passées de 0,78 combat par rencontre lors de la saison 2010-2011 à 0,25 lors de la dernière saison, écourtée de quelques semaines en raison de la pandémie.