Canadiens de Montréal

Canadien: après «reconstruction», le nouveau mot tabou est «séries»

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LAVAL | À une époque pas si lointaine, le mot «reconstruction» restait tabou dans l’environnement du Canadien, une équipe qui aime cogner sur le clou de sa riche histoire. Il y a maintenant un autre mot à souscrire du vocabulaire, soit «playoff».

Premier dirigeant à se présenter à l’un des deux podiums en cette matinée du tournoi du CH au chic club de golf de Laval-sur-le-Lac, Jeff Gorton a lancé le message de l’équipe pour la prochaine saison. 

«Je sais que tout le monde aimerait que nous utilisions “le mot en p” [playoff], que nous nous dirigions vers cet objectif. Mais pour nous, à l’interne, je le dis depuis mon arrivée, nous cherchons à nous améliorer tous les jours. Je sais qu’il s’agit d’un cliché. Et je m’en excuse. Nous comptons sur plusieurs jeunes. Ils ont encore de la place pour grandir et nous devons leur permettre d’y arriver.»

«Si je pouvais résumer en un mot, je dirais “croissance”, a poursuivi le vice-président aux opérations hockey. Une croissance sur le plan de l’équipe et des individus.»

Relancé sur un ton humoristique pour savoir à quel «mot en p» il faisait référence, Gorton a répliqué rapidement.  

Crédit photo : Martin Chevalier / JdeM

«Je ne connais pas le mot en français», a-t-il lancé avec un sourire en coin. 

Sur le sujet de la langue, Gorton a glissé quelques mots en français pour souhaiter la bienvenue au tournoi et il a souligné qu’il a consacré plus de temps à ses cours pour apprendre la langue de Jean Béliveau qu’à ses élans de golf. 

De la patience

Sur papier, le Tricolore ouvrira sa deuxième saison complète sous l’ère de Gorton, Kent Hughes et Martin St-Louis. S’ils ont froissé certains puristes parmi les partisans, les têtes dirigeantes ont simplement dit la vérité en ne qualifiant pas les séries comme un objectif. 

Le CH demeure une équipe en reconstruction. 

Geoff Molson, le propriétaire de l’équipe, partage la vision de ses dirigeants. 

«Oui, c’est la même philosophie, a dit Molson. C’était une grande décision il y a deux ans de rebâtir cette équipe. Nous avons vu ce phénomène avec d’autres équipes dans la LNH. Ça ne se passe pas du jour au lendemain. Nos dirigeants et notre entraîneur veulent voir le développement de nos individus.» 

«Nous aurons la réponse sur la glace, à savoir quand nous réussirons à participer aux séries. Mais chaque année reste une nouvelle année. Nous verrons comment l’équipe jouera. Mais nous sommes très sérieux quand nous disons que l’emphase demeure le développement.»

Même s’il aimerait ajouter des millions de plus à son coffre-fort avec des matchs en séries, Molson n’a pas l’intention de dévier du plan.  

«Aujourd’hui, est-ce que c’est frustrant? Non, puisque je vois la progression, a-t-il répliqué. Je pense que nous sommes sur la bonne voie pour construire une bonne équipe à long terme.» 

«Ils ont rebâti l’équipe en entier, que ce soit le développement des joueurs, le côté médical, les statistiques avancées, a enchaîné le propriétaire. Tout a changé en très peu de temps. Nous voyons les résultats de cette construction. Les trois hommes à la tête de cette construction sont très compétents. Ça se bâtit et un jour, ce sera le fun.»

Des pas dans la bonne direction

Compétiteur dans l’âme, St-Louis a trouvé des façons de jongler entre son désir de gagner et l’importance de développer ses jeunes joueurs depuis ses débuts derrière le banc de l’équipe. 

À sa troisième année, mais à sa deuxième année complète derrière le banc, St-Louis se promet de conserver la même patience. Et à l'image de ses patrons, il n'a pas évoqué le mot séries. 

«La patience est importante, a-t-il raconté. Mais c’est quoi que tu fais avec la patience? J’appelle ça de la patience agressive. Tu ne peux pas juste attendre. Je suis patient, mais je reste agressif avec le temps pour la façon que nous travaillons et ce que nous voulons amener. Je sais ce que nous faisons tous les jours avec notre temps.» 

«On prendra un autre pas dans la bonne direction. Le pas sera de quelle grosseur? Je ne le sais pas. Il y a des choses que tu ne peux pas contrôler. Mais je reste positif sur les aspects que nous contrôlons et je sais que nous ferons un bon pas. Notre façon de travailler et notre attitude nous aideront aussi.»

La répartie de Hughes

«C’est la coupe Stanley ou rien», a mentionné Hughes, quand un collègue lui a demandé à quoi il s’attendait pour cette saison 2023-2024. 

Sur une note plus sérieuse, le DG est resté en harmonie avec les propos tenus par Gorton, Molson et St-Louis. 

«On veut voir la progression individuelle des joueurs. On veut voir la progression de l’équipe sur la glace, hors glace et au niveau de la culture. On est en train d’essayer de bâtir quelque chose et on veut voir que les démarches qu’on prend nous amènent dans la bonne direction. La plupart de nos joueurs sont âgés de moins de 25 ans, alors techniquement, ils n’ont pas encore atteint leur potentiel.»

Plus de 40 joueurs déjà à Montréal

Connor McDavid a écrit un texto à tous ses coéquipiers pour les inviter à venir s’entraîner à Edmonton quelques semaines avant l’ouverture du camp des Oilers. Quand le meilleur joueur de la LNH et capitaine de l’équipe te lance une invitation, tu réponds normalement avec un oui. 

À Montréal, c’est un peu le même phénomène. 

Dans son rôle de capitaine, Nick Suzuki a imité la stratégie du numéro 97 des Oilers sans toutefois devoir écrire personnellement à chacun de ses coéquipiers. 

Crédit photo : Martin Chevalier / JdeM

«J’ai parlé à beaucoup de gars pour savoir quand ils arriveraient, a dit Suzuki. C’est surtout bien d’être tous ensemble sur la glace et d’avoir un mini camp d’entraînement. On retrouve notre chimie.»

«C’est génial de voir beaucoup de gars arriver tôt, plusieurs jeunes sont arrivés au début ou à la mi-août, a-t-il poursuivi. Montréal est un bel endroit où passer l’été, c’est bien de le vivre et à cet égard, c’est agréable que beaucoup de joueurs arrivent tôt.»

À la veille du tournoi de golf, Cole Caufield a confié qu’il a regardé des matchs de la NFL en compagnie de plusieurs autres joueurs du Tricolore. 

Un groupe proche

Jeff Gorton et Geoff Molson ont chacun parlé de ce thème dès leur première réponse en conférence de presse devant une bonne vingtaine de journalistes. 

«J’aime l’énergie du groupe, a noté Gorton. Depuis un mois, il y a près de 40 joueurs qui s’entraînent déjà ensemble. Ils ont hâte de recommencer à jouer. Ils se demandent quelle sera la prochaine étape pour notre groupe. J’aime l’enthousiasme et l’engagement des joueurs.» 

«Ils savent qu’il s’agit d’une grosse saison, a poursuivi le vice-président des opérations hockey. C’est un bon groupe de jeunes. Nous avons hâte de voir les progrès de ce groupe. Ils veulent passer du temps ensemble. Quand tu regardes à travers la LNH, je ne pense pas que les 32 équipes misent sur 40 joueurs dans la même ville un mois avant l’ouverture du camp.»

«J’ai vu cet été que nous comptons sur un groupe uni, a renchéri Molson. De ma compréhension, il y a déjà près de 45 joueurs en ville depuis la semaine dernière. Et le camp s’ouvre juste le 21 septembre. Nous avons un groupe de jeunes joueurs qui désirent passer du temps ensemble.»

Acquis des Penguins dans la transaction avec Jeff Petry, le gardien Casey DeSmith fait partie de ce groupe nombreux de joueurs. 

Malgré un avenir toujours incertain avec l’équipe et la naissance récente d’un bébé, DeSmith a décidé de mettre le cap sur Montréal. 

Voyez le point de presse en question dans la vidéo ci-dessus.