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Canadiens de Montréal

Ne démissionnez pas sur cet espoir des Canadiens

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«J’ai les habiletés pour produire. Je ne l’ai pas prouvé encore. Je suis excité de le montrer.»

Le message de l’espoir des Canadiens de Montréal Jan Mysak : ne démissionnez pas sur moi, car moi, je n’ai pas abandonné. 

Il y a quelques années, il y avait un certain enthousiasme des partisans à l’endroit de cet attaquant tchèque fougueux et dynamique choisi au deuxième tour en 2020 alors qu’il pointait tout de même au 28e échelon du classement nord-américain de la Centrale de recrutement de la LNH.

Un journaliste suivant assidument les espoirs durant ses temps libres l’avait même classé au neuvième rang de sa liste personnelle. 

Si Mysak avait été jeté dans la gueule du loup avec le Rocket de Laval à 18 ans en 2020-2021, les attentes à son endroit étaient plus grandes la saison dernière lorsqu’il est débarqué à temps plein dans la Ligue américaine. Attentes qu’il n’a su combler, Mysak étant limité à neuf maigres points en 40 matchs. 

Depuis, les experts et amateurs se sont amourachés d’autres espoirs. À l’approche du camp des recrues, le nom de Mysak ne résonne pas, mais pas du tout, contrairement à celui, par exemple, de Joshua Roy.

Mais ne comptez pas Mysak pour battu, nous prévient Jay McKee, son ancien entraîneur avec les Bulldogs de Hamilton (désormais Brantford) dans la Ligue de l’Ontario (OHL). 

«Il a encore une chance [d’atteindre la LNH], lance l’homme de hockey au bout du fil. Jan est l’un des travailleurs les plus acharnés que j’ai croisé. C’est un gars tellement positif, il va faire son propre chemin.»

McKee, un ex-défenseur de la LNH ayant évolué avec Sidney Crosby à Pittsburgh, est encore marqué par une scène survenue lors des séries de la OHL à North Bay en 2022. 

«Après le match, nous soupons à l’aréna et Jan me demande s’il peut rentrer à l’hôtel à la course. Nous étions en finale d’association. J’essaye de le ramener à la raison : "Jani, c’est la pluie battante dehors." Ça ne le dérangeait pas du tout. "Eh bien, sais-tu quoi, si c’est ce que tu veux faire, je ne t’empêcherai pas..." C’est le genre de joueur que tu ne dois pas motiver. Tu dois plutôt le retenir pour ne pas qu’il se fatigue.

«Il établit une culture au sein de ton équipe. J'aimerais avoir cinq gars comme lui chaque année puisqu'ils montrent la voie aux plus jeunes. C'est réellement un couteau suisse. Quand il ne marquait pas de buts, il rendait la vie difficile à l'autre équipe avec un échec avant sans relâche et beaucoup de vitesse. Il créait des chances. C'était un joueur incroyablement efficace pour nous, qu'il se retrouve ou non sur la feuille de pointage.»

Pas d’excuses

Mysak pourrait justifier de plusieurs façons son rendement décevant en 2022-2023. Il y a le fait qu’il avait joué beaucoup de hockey la saison précédente avec le Championnat mondial junior et le tournoi de la Coupe Memorial.

Il y a cette blessure au bas du corps qui l’a limité à 40 matchs lors de sa première saison complète dans la Ligue américaine. 

Mais Mysak ne mord pas.

«C’est sûr que ce n’était pas parfait, mais j’ai quand même pu jouer des matchs, fait-il valoir. Je ne crois pas que l’on puisse tout mettre sur le compte des blessures. Les blessures peuvent mettre ta saison sur pause, mais quand tu es de retour, eh bien, tu peux jouer, non? Ça fait partie du hockey. 

«C’était ma première année [à temps plein dans la LAH] et je suis dur envers moi-même, mais je n’étais pas assez bon. Je sais que je peux en donner plus. Je suis d’accord : nous n’avons pas encore vu mon jeu offensif dans la Ligue américaine.»

Lors de sa réunion de fin de saison avec Jean-François Houle, les directives émises par l’organisation étaient claires.

GEN - CAMP DES RECRUES DU CANADIENS 2023
Crédit photo : MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

«Il fallait que je devienne plus fort, explique-t-il. Plus fort dans les batailles. Les gars au niveau professionnel sont imposants. Certains d’entre eux pèsent 30 livres de plus que moi. La priorité, c’était d’être plus fort pour me préparer au hockey pro.»

Mysak a mis la main à la pâte sans pour autant négliger le cardio et l'explosivité. Il a passé l’été à s’entraîner à deux heures de sa ville natale de Livitnov en République tchèque, suivant un programme confectionné par son entraîneur personnel. 

«Je suis certainement un peu plus lourd que je l’étais», mentionne-t-il.

Mysak, qui était débarqué à Montréal la veille au moment de notre entretien téléphonique, aura toutefois besoin d'un peu de temps pour se remettre du décalage horaire.

«J'ai patiné avec Emil Heineman et Jakub Dobes, entre autres. C’était ma première journée après un long trajet d’avion donc j’étais vraiment mauvais aujourd’hui (rires), admet-il candidement. Mais chez nous, je peux dire que je me sentais très bien.»

Bien qu'il est habitué à être utilisé dans toutes sortes de situations et à différentes positions, c'est au centre que Mysak se voit évoluer avec le Rocket la saison prochaine.

«Je suis vraiment bon dans les mises au jeu, plaide-t-il. Je peux être efficace tant offensivement que défensivement. Mais bon, toute ma vie, j’ai été utilisé partout. Au final, ma qualité principale, c’est ma passion.»

Le principal intéressé dit encore sentir la confiance de l'entraîneur-chef Jean-François Houle, avec qui il entretient une bonne relation. 

«Il est différent de ce à quoi j’étais habitué en Europe, souligne Mysak. Il n’est pas du genre à te crier après. Il est exigeant et, oui, il veut gagner, mais son approche est différente des autres entraîneurs que j’ai connus.»

Condotta, sa surprise

Un joueur en particulier a surpris Mysak au sein du Rocket la saison dernière.

William Trudeau?

Xavier Simoneau?

Peter Abbandonato?

Tous de bons candidats que Mysak s'empresserait sans doute de vanter si on lui en donnait l'occasion. Mais pas la bonne réponse.

Le sympathique tchèque nous a lancé une balle courbe.

«Lucas Condotta, affirme Mysak. Nous avons commencé la saison ensemble sur le quatrième trio à Laval et, à la fin de l’année, il était dans la LNH.»

À son premier match, à sa première présence et avec son premier tir, Condotta a d'ailleurs marqué son premier but dans la LNH, face aux Bruins de Boston.

«Il est vraiment fort, fait remarquer Mysak au sujet de son coéquipier. C’est difficile de lui enlever la rondelle avec sa grosse charpente. Il est très bon autour du filet.»

Maintenant, si Condotta pouvait donner un peu de cette force physique à son bon ami...