Canadiens de Montréal

«Il y a des moments à Montréal où c’était plus difficile» -Jonathan Drouin

Publié | Mis à jour

TERREBONNE | Souriant, décontracté, serein.

Il ne fallait pas un doctorat, mardi matin, pour remarquer que Jonathan Drouin semblait heureux, léger.

À l’ouverture du marché des joueurs autonomes, le Québécois s’est entendu avec l’Avalanche du Colorado sur les modalités d’un contrat d’un an, d’une valeur de 825 000$. Il tournait ainsi la page sur un chapitre de six saisons avec les Canadiens. 

Et à en croire le jeune homme de 28 ans, la page, pour plusieurs raisons, n’a pas été très difficile à tourner.

Voyez son entrevue complète en vidéo principale.

«Dès que j’ai signé avec l’Avalanche, j’ai mis le Canadien de côté, a-t-il avoué dans le cadre de la sixième édition de son tournoi de golf, tenue au Club Le Mirage. Je pense que des deux côtés (le CH et lui) on était d’accord pour se séparer. J’ai aimé ma dernière année avec Martin St-Louis et les autres entraîneurs, mais je pense que pour moi il était temps de passer à autre chose.

«Dans les dernières années avec Montréal, c’était un peu plus difficile parce que le club rebâtissait. Il y a des jeunes qui devaient avoir du temps de glace dans des situations précises. Je comprends cette réalité-là, mais je ne suis pas encore rendu là dans ma carrière. Je veux être dans une équipe qui joue du hockey de séries. Je pense que Montréal fera ça dans quelques années, mais pas maintenant.»

«Je pensais être prêt pour ça, mais...»

Tout joueur québécois évoluant à Montréal doit composer avec une pression particulière. Les partisans du Tricolore se retrouvent à travers les joueurs locaux et les prennent très souvent comme modèles et figures d’attachement. 

Et c’est encore plus véridique lorsqu’un patineur d’ici débarque en ville avec une étiquette de joueur offensif. Les attentes, déjà très grandes, sont alors doublées, voire triplées. Il est alors quasi impossible, dans ce contexte, de passer inaperçu.

Honnête, Drouin avoue que cette réalité lui a parfois causé des ennuis. 

«J’ai eu un peu de difficulté à composer avec ça au début. Pas à la fin. Je pensais être prêt pour ça, mais en fait, tu n’es pas prêt jusqu’à ce que tu le vives toi-même. Il y a des gars dans l’équipe à qui tu peux en parler, mais s’ils ne sont pas Québécois, ils ne ressentent pas la même chose.

«Un nouveau départ fera du bien, a poursuivi l’ancien no 27. Il y a des moments à Montréal où c’était plus difficile que d’autres. Au Colorado, tu n’es pas reconnu par tout le monde en ville et il n’y a pas 35 journalistes qui t’attendent après un entraînement.»

«Si MacKinnon ne se levait pas, je n’allais pas à l’école!»

Et ce nouveau départ est déjà entamé. Drouin, lance-t-il, a trouvé sa nouvelle maison. 

«Il y a plein de gars de l’équipe qui m’ont conseillé. Je me suis fait proposer deux secteurs en particulier qui étaient prisés par les joueurs. Je suis très excité d’aller là-bas!

«C’est sûr que c’est beaucoup de nouveauté pour moi. Surtout avec un enfant et un chien. Mais au moins, je n’ai pas été échangé durant l’année. J’ai eu le temps de placer mes choses ici et de trouver une compagnie de déménagement. Et heureusement que mon fils n’a pas cinq ans. Il n’aurait pas trouvé évident de devoir quitter tous ses amis de Montréal...»

Un ami, Drouin en retrouvera un chez l’Avalanche. Et pas n’importe lequel : Nathan MacKinnon, avec qui il a terrorisé les défensives de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) entre 2011 et 2013. Et à en croire l’attaquant, la chimie qu’ils affichaient à l’époque allait bien au-delà de ce qu’on pouvait voir sur la glace. 

«Je suis vraiment heureux de le retrouver! On a eu de super belles années dans le junior. C’était mon chauffeur. Donc s’il ne se levait pas pour aller à l’école, je n’y allais pas non plus! C’est donc lui qui décidait si j’allais à l’école le matin (rires). On passait tout notre temps ensemble. De pouvoir jouer avec lui 10 ans plus tard, ce sera spécial, assurément.»

Crédit photo : Getty Images/AFP

825 000$, c’est beaucoup moins que les 5,5M$ que Drouin touchait annuellement depuis six ans à Montréal. D’ailleurs, le sympathique jeune homme avoir reçu d’autres offres plus payantes et plus longues. Mais c’est vraiment au Colorado qu’il se voyait entamer la prochaine campagne.

«Je suis convaincu que ce club est le meilleur fit pour moi. Je connais plein de gars (MacKinnon, Artturi Lehkonen, Samuel Girard) et l’équipe préconise un style de jeu rapide. Je pense vraiment que c’est l’endroit idéal pour la suite des choses, dans mon cas.» 

Et avec quel genre de mentalité aborde-t-il la saison à venir, justement?

«Ce sera juste de m’adapter. Je ne vais pas là-bas pour voler la place à quelqu’un, ni pour donner un show. C’est une équipe avec énormément de talent, donc je l'aiderai de la façon que les dirigeants souhaitent que je le fasse.»

«Le Centre Bell m’a donné des frissons jusqu’à la fin»

Objectivement, Drouin, placé dans de bonnes dispositions, peut encore aider une équipe de plusieurs façons. 

Il demeure un excellent passeur, très mobile, qui peut faire la différence dans le dernier tiers. 

Au Colorado, l’attaque ne reposera pas sur lui. Il y débarque dans un contexte où l’attention et les attentes à son endroit seront relativement basses et retrouvera plusieurs joueurs avec lesquels il se sent confortable. 

Une réalité davantage adaptée à sa personnalité l’aidera-t-il à finalement retrouver l’aplomb offensif qui avait poussé le Lightning à faire de lui le troisième choix de l’encan 2013? La réponse arrivera très rapidement. 

Crédit photo : ANDRE FORGET/AGENCE QMI

En attendant, c’est la tête pleine de beaux souvenirs, précise-t-il, qu’il laisse Montréal derrière lui.

«J’y ai rencontré des personnes incroyables. Le Centre Bell m’a aussi donné des frissons jusqu’à la fin et j’ai déjà hâte d’y revenir, même si ce sera dans un rôle différent, cette fois.»

Il est commun, pour un journaliste, d’essayer de trouver une phrase dynamique ou originale pour conclure un article. 

Dans ce cas-ci, l’auteur de ces lignes n’a qu’une idée en tête depuis le départ et bien qu’extrêmement simple, elle refuse de s’envoler: merci pour ces six saisons, Jonathan. Et meilleure des chances pour la suite. Sur et hors glace, tu mérites d’être heureux.