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Kevin Owens: un WrestleMania inimaginable

Kevin Owens: un WrestleMania inimaginable

Patric Laprade

Publié 30 mars
Mis à jour 30 mars

Dans quelques jours, le Québécois Kevin Owens sera sur la plus grande scène de l’année, WrestleMania. Et pour une troisième fois consécutive, il livrera un match dans lequel il ne croyait jamais être.

À la même date l’an dernier, voici ce que Kevin avait à me dire:

« Dans ma tête, ça allait être dur de battre Sami et moi juste à cause de l’historique qu’on a eu, racontait-il. Je me disais que ce serait probablement le plus gros WrestleMania en termes d’émotions et de nostalgie. Et pourtant, l’année d’après, regarde ce qui se passe! »

Owens fait bien sûr référence à son match contre « Stone Cold » Steve Austin.

Bien cette année, la providence a encore une fois frappé, alors qu’il est impliqué dans un autre combat d’importance, soit en équipe avec son ami des 20 dernières années, Sami Zayn, contre les champions incontestés par équipe de la WWE, Jimmy et Jey Uso.

« C’est un autre moment au même niveau. Les trois derniers WrestleMania sont inimaginables, explique l’athlète de 38 ans. Tu recules 10 ans dans le temps et personne n’aurait pensé qu’on aurait eu un match l’un contre l’autre à Mania. Tu recules 20 ans dans le temps et personne n’aurait pensé que Kevin Steen aurait lutté contre Stone Cold.

« Quand on a commencé à la WWE, il y avait un petit espoir qu’on lutte en équipe, peut-être même à WrestleMania, poursuit-il. Puis, on l’a fait en 2018 contre Shane McMahon et Daniel Bryan. Sauf que cette fois-ci, c’est pour le championnat par équipe, dans la plus grosse histoire des six derniers mois à la WWE. »

Cette fameuse histoire est celle entre le Bloodline et Sami Zayn, dans laquelle se sont ajoutés Kevin Owens et Cody Rhodes, pour donner deux des principaux combats de WrestleMania.

Pour Kevin, c’est le travail de Sami et des Uso qui doit être souligné.

« À part le match Roman contre Cody, on est le match le plus attendu et ça, je le dis en toute humilité, mais en toute confiance également, affirme-t-il. Il y a probablement du monde qui ont plus hâte à notre match que celui entre Roman et Cody, à cause de l’histoire et à cause du travail que les Uso et Sami ont fait pour se rendre où on est. Personne n’a fait du meilleur travail dans la dernière année que ces trois gars-là. Encore une fois, je ne vois pas comment je vais pouvoir battre ça l’an prochain. »

Los Angeles, une étape importante

WrestleMania 39 sera présenté sur deux soirs, samedi et dimanche, en direct du SoFi Stadium de Los Angeles. La cité des anges occupe d’ailleurs une place toute spéciale dans le cœur des deux Québécois.

Bien qu’ils se soient connus et qu’ils aient commencé à avoir du succès à Montréal, c’est grâce à Los Angeles que leur carrière aux États-Unis fut couronnée d’autant de succès.

« Tout le monde sait qu’on a commencé ensemble à Montréal, mais notre nom sur le circuit indépendant s’est vraiment fait à la Pro Wrestling Guerrilla (PWG) en Californie, explique Owens. On a eu notre premier match aux États-Unis avec CZW à Philadelphie. Beaucoup de monde portait attention à la CZW à l’époque. Mais PWG, c’était la promotion underground que beaucoup de gens trouvaient vraiment cool. Les gens achetaient les DVDs qui avaient des noms de shows loufoques et qui faisaient parler. »

Pour la petite histoire, leur toute première présence à la PWG remonte à novembre 2004. Owens et Zayn, alors Kevin Steen et El Generico, s’étaient affrontés dans un match en simple, lors d’un événement qui s’appelait Free Admission (Just kidding!), un des nombreux noms de spectacles humoristiques que la promotion utilisait.

« Quand on s’est fait booker Sami et moi, c’était inimaginable pour deux Québécois de se faire payer un billet d’avion pour aller lutter en Californie. Et on a fait du bruit en partant. Personne ne nous connaissait quand on est arrivé là. Vingt minutes plus tard, on était quasiment les deux gars les plus populaires de la place. Ils nous ont ramenés le mois suivant. Et ainsi de suite pendant une dizaine d’années. On a passé 10 ans pratiquement à faire notre nom là-bas et à être des têtes d’affiche. À cause de la PWG, on a été capable de retourner à la Ring of Honor (ROH) qui nous a beaucoup aidés évidemment. Mais sans la PWG, je ne pense pas que ROH nous aurait demandé de revenir. »

Pour Owens particulièrement, la PWG touche une autre corde sensible.

« Personnellement, c’est là que William Regal est venu me voir. Je ne savais pas à l’époque que Regal était là pour venir me voir moi et que Triple H avait déjà un œil sur moi. Mais de toute façon, c’est à la PWG que je l’ai rencontré et que les démarches ont débuté pour mon try-out avec la WWE.

« C’est sûr que je remercie Excalibur et Super Dragon. Le fait que ce soit à Los Angeles c’est gros pour nous et le costume qu’on va porter pour notre match, va avoir un petit clin d’œil à la PWG. Sans Super Dragon, on ne serait pas où on est aujourd’hui. »

Les matchs par équipe, comme une stipulation

Bien qu’il ait connu beaucoup de succès en simple, Owens lutte en équipe depuis longtemps. C’est un concept qu’il aime bien, et ce, pour plusieurs raisons.

« Le principe d’un match par équipe, c’est que tu as un partenaire pour supporter la moitié de la charge, explique Owens. Il y a un sentiment de sécurité là-dedans. Un match par équipe, c’est comme un match avec une stipulation. Parce qu’un match normal, c’est un contre un. Alors, si tu te sers de ta stipulation comme il faut, pour être différent des autres combats, et que tu sais t’en servir, c’est plus facile. C’est un type de match qui permet plus d’opportunité, ça permet de faire des trucs imprévisibles. L’élément surprise est important et on peut en faire plus. Quand ce sont quatre gars qui savent ce qu’ils font, qui comprennent le but du match, il va y avoir plus d’action, ça va être plus le fun. Puis s’il y a une équipe qui sait s’en servir, c’est bien les Uso. »

Owens connaît bien son histoire. Quand je lui ai demandé s’il se souvenait de son premier match en équipe avec Zayn, il n’a pas hésité une seule seconde.

« C’était contre Super Dragon et Excalibur à la CZW en décembre 2004. Une semaine plus tard, on luttait en équipe à la PWG. »

Localement, Owens, a participé à son premier combat par équipe avec Dylan Joffre (Kid Kamikaze) contre le duo de Dow Jones et « Le Gladiateur » Serge Demers ainsi que celui composé de Handsome JF et Gorgeous Neil (Beef Wellington) dans un match triple menace pour Lutte Internationale 2000. 

« Le match s’était terminé quand Serge avait battu son propre partenaire! » se rappelle-t-il en riant.

Les premiers champions québécois en 30 ans?

Si Owens et Zayn devaient remporter les titres par équipe de la WWE, ils deviendraient le premier duo tout québécois à gagner les titres depuis les Quebecers, Jacques Rougeau et Pierre-Carl Ouellet, il y a de ça environ 30 ans.

Pour celui qui a grandi à Marieville, il s’agirait d’un bel honneur.

« Quand j’étais jeune, je tripais sur les Quebecers. Mon historique avec Jacques n’est pas idéal. Mais je ne peux jamais enlever ce que Jacques a fait au sein de la WWE et comme lutteur québécois dans l’histoire. Je ne pourrai jamais lui enlever ça, dit-il avec honnêteté. Il a toujours été un très bon entertainer. Il n’a jamais été un mauvais lutteur. Il n’était jamais plate. Et les Quebecers étaient excellents en équipe. J’ai toujours eu un gros respect pour PCO. Il m’a vraiment beaucoup aidé au début de ma carrière. Alors si on est capable d’être la deuxième équipe en 30 ans et la première depuis les Quebecers à remporter les titres, d’ajouter notre nom à cette liste, ce serait un honneur. »

Contrairement à Rougeau et Ouellet, n’essayez pas de leur trouver un nom d’équipe. C’est une fin de non-recevoir.

« On a travaillé assez fort pour avoir du succès individuel qu’on n’est pas obligé d’avoir un nom d’équipe qui nous unit. Les gens nous connaissent sous KO et Sami Zayn et c’est bien correct ainsi! »

Un match fantastique

S’il n’arrive pas à choisir son match en équipe avec Sami qu’il préfère, il sait cependant que les amateurs de la WWE n’ont rien vu encore.

« C’est beaucoup trop dur n’en choisir qu’un. Après chacun de nos matchs contre les Briscoes et les Young Bucks, on se disait que c’était un de nos meilleurs matchs à vie. Mais à la WWE, on n’a pas fait équipe aussi souvent, alors il nous reste de la place pour faire des matchs mémorables. Il y a bien des gens qui n’ont aucune idée de ce qu’on peut faire en équipe, alors c’est trippant aussi comme défi. »

Ils ont été champions par équipe à la PWG. Ils ont été champions par équipe à la ROH. Et cette fin de semaine, Kevin Owens et Sami Zayn auront la chance de devenir champions par équipe à la WWE. Un match qui devrait être mémorable.

« La qualité du match n’est même pas une inquiétude. Humblement, mais avec confiance, je peux te dire qu’avec Sami et les Uso, le match va être fantastique!