Crédit : Photo d'archives, TOMA ICZKOVITS

LHJMQ

Courteau: un acharnement révoltant de nos politiciens

Courteau: un acharnement révoltant de nos politiciens

Michel Therrien

Publié 09 mars
Mis à jour 09 mars

Avant de me lancer dans le vif du sujet, n’oublions pas que les paroles s’envolent et que les écrits restent.

C’est avec beaucoup d’amertume que j’ai appris la démission de Gilles Courteau la semaine dernière. Il méritait mieux, après 37 ans de loyaux services comme commissaire de la LHJMQ. Chaque jour de son règne, il avait à cœur de faire avancer la cause du hockey junior. Et il a rempli sa mission avec brio. 

J’ai énormément d’empathie pour ce qu’il a dû vivre au cours des deux dernières semaines, alors que certains politiciens et journalistes ne se sont pas gênés pour attaquer son intégrité en déterrant de vieilles histoires. 

Je n’ai vraiment pas été impressionné par leur acharnement. Ça m’a désolé de voir Courteau subir un tel traitement injuste. On ne s’en est pas pris à la bonne personne. 

Dans les circonstances, il n’avait pas le choix de démissionner. Les gens qui l’ont poussé vers la sortie ne se rendent pas compte des dommages collatéraux sur sa famille et ses proches. Je trouve ça révoltant que nos élus aient fait de lui un bouc émissaire. J’espère qu’ils le regrettent aujourd’hui. Je ressentirais beaucoup de frustration si j’étais à sa place. 

Il ne faudrait surtout pas perdre de vue tout ce que Courteau a accompli durant son mandat. Durant les 37 dernières années, il a su faire évoluer la LHJMQ. Il s’est occupé sans relâche des joueurs et des propriétaires. Ce n’était pas du tout un travail facile avec 18 patrons qui voulaient chacun tirer la couverture de son bord. C’était difficile, voire impossible, de faire plaisir à tout le monde en même temps.

Un soutien populaire généralisé

C’est une très triste fin pour quelqu’un qui s’est donné corps et âme aussi longtemps pour le hockey junior québécois. Courteau, qui a été un excellent ambassadeur pour la LHJMQ, devrait mériter tout notre respect et toute notre reconnaissance pour ses réalisations. C’est en grande partie grâce à lui que la ligue a autant grandi. 

J’espère qu’on se souviendra de lui pour ses bonnes actions et non pour la façon cavalière avec laquelle il a été contraint de quitter son poste.

Courteau a d’ailleurs été encensé, avec raison, lorsqu’il a annoncé, en décembre, que c’était sa dernière saison en tant que commissaire de la LHJMQ. Le bureau des gouverneurs a même décidé de changer le nom de la coupe du Président, remise aux champions des séries éliminatoires, pour le trophée Gilles-Courteau. J’ai bien hâte de voir si les gouverneurs vont tenir parole. En tout cas, je le souhaite. Il n’a pas volé cet honneur. 

Je ne suis pas le seul à se porter à sa défense. Depuis son départ forcé, on assiste à une vague de sympathie généralisée à son endroit. Tout le monde à qui j’ai parlé dans les derniers jours, pas seulement des gens provenant du milieu du hockey, trouve que Courteau a été traité de façon injuste. J’ai rarement vu un aussi vaste mouvement de sympathie autour d’une personne forcée de démissionner. Ce qui est dommage, c’est que tous ces hommages ne lui redonneront pas sa dignité.   

Il n’est pas là le problème 

La LHJMQ, c’est une formidable école de vie. 

Personnellement, je n’ai pas l’impression que les initiations sont un problème. Oui, il y en a certainement eu des malheureuses dans le passé, comme celles dont on a abondamment parlé dernièrement, mais je n’en ai jamais été témoin à l’époque où je jouais et lorsque je dirigeais. Je sympathise avec toutes les victimes. 

J’ai même pris la peine d’appeler mes deux anciens capitaines avec le Titan de Laval et les Prédateurs de Granby, Francis Bouillon et Marc Beaucage, et beaucoup d’anciens joueurs et entraîneurs dans mon entourage pour leur demander si j’avais manqué quelque chose. Ils m’ont assuré que non, à mon grand soulagement.

Pour ce qui est de l’abolition des bagarres dans la LHJMQ, je suis totalement d’accord, même si on constate une nette tendance à la baisse depuis des années déjà. 

Il y a plus de violence dans les écoles et dans les rues que dans la LHJMQ. Selon moi, on devrait s’attaquer davantage à ce problème qu’aux batailles au hockey.

En terminant, je voudrais féliciter Mario Cecchini pour sa nomination à titre de nouveau commissaire de la LHJMQ. C’est un bon choix. Je n’entends que des commentaires positifs à son sujet depuis qu’il a accepté de succéder à Courteau. Je lui souhaite bonne chance dans ses nouveaux défis. 

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