Histoire Cendrillon dans la Ligue nationale de hockey depuis le mois de janvier, Jordan Binnington pourrait devenir le cinquième gardien-recrue à remporter la coupe Stanley.
À 25 ans, le gardien des Blues de St. Louis n’a l’air en rien d’une recrue, et surtout pas avec sa moyenne de buts alloués de 2,36 et son taux d’efficacité de ,914 depuis le début des éliminatoires. Mais avant ce jeu blanc réussi face aux Flyers de Philadelphie le 7 janvier, Binnington ne comptait aucun départ dans la LNH.
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Si les Blues soulevaient la coupe Stanley pour la première fois de leur histoire en juin, il rejoindrait une brève liste comptant quelques noms prestigieux, dont certains bien connus des partisans des Canadiens de Montréal.
1. Ken Dryden (1970-1971)
Avant le printemps de 1971, c’était un universitaire qui n’avait joué que six matchs avec les Canadiens. Mais Ken Dryden a été si dominant au cours de ces six rencontres de fin de saison qu’il a vite pris la place de deux autres jeunes gardiens du club : Rogatien Vachon et Phil Myre.
Les Bruins de Boston, déjà champions l’année précédente, sont les grands favoris pour remporter à nouveau la coupe. Menés par Dryden, 23 ans, les Canadiens éliminent leurs rivaux en sept rencontres. Il leur faut six matchs pour évincer les North Stars du Minnesota, puis sept parties pour enlever le trophée devant les Blackhawks de Chicago.
Malgré son manque d’expérience, Dryden se dresse devant le filet du CH durant l’entièreté des séries. En fait, le gardien est si inexpérimenté que la ligue ne le considère même comme une recrue : ce n’est que l’année suivante, après une campagne brillante, qu’il remportera le trophée Calder (!).
2. Patrick Roy (1985-1986)
Il est la dernière légende des Canadiens, mais avant ce printemps 1986, rien ne prédestinait Patrick Roy à un legs aussi glorieux.
Certes, Roy venait de remporter la coupe Calder avec les Bisons de Granby. Sauf qu’au moment d’affronter les Bruins de Boston au premier tour, le chétif «Casseau» ne comptait que 48 matchs d’expérience dans la LNH. Et l’équipe devant lui n’avait pas l'allure d’une aspirante aux grands honneurs.
La suite est historique. Mené notamment par les performances de son gardien de 20 ans, le CH a battu les Bruins en trois rencontres, les Whalers de Hartford en 7 et les Rangers de New York en 5. En finale, les Canadiens allaient disposer des Flames de Calgary en cinq petits matchs, pour s’adjuger la 23e coupe Stanley de leur histoire.
Avec 15 victoires et une moyenne de 1,92, phénoménale pour l’époque, Roy allait succèder à Dryden en devenant le deuxième gardien-recrue de l’histoire à se faire remettre le Conn-Smythe.
3. Cam Ward (2005-2006)
Les Canadiens font aussi partie de cette belle histoire, mais cette fois, ils jouent le mauvais rôle. Avant que Cam Ward ne succède à un Martin Gerber chancelant au printemps 2006, les Hurricanes de la Caroline semblaient être pour Montréal une proie facile, déjà dans le câbles.
Quand Ward remplace le gardien suisse, le CH mène la série de premier tour 2 à 0. La troupe de Bob Gainey ne remportera plus un seul match ce printemps-là. Après le scalp des Canadiens, le gardien de 22 ans ajoutera celui des Devils du New Jersey (en 5 matchs), des Sabres de Buffalo (en 7), puis triomphera des Oilers d’Edmonton en sept rencontres pour enlever la seule coupe Stanley de son histoire.
Avec ses 15 victoires en séries, Ward, qui était jusque-là un adjoint prometteur, dépasse son total de gains en saison régulière (14).
4. Matt Murray (2015-2016)
Si Cam Ward a profité des largesses de Martin Gerber pour se faufiler devant le filet, Matt Murray a bénéficié d’une blessure à Marc-André Fleury pour faire véritablement sa place avec les Penguins de Pittsburgh.
On dit qu’il faut savoir saisir sa chance. Et c’est exactement ce que Murray a fait. Quand Fleury se blesse avant le début des séries, les Penguins confient le filet à Jeff Zatkoff. Murray, alors âgé de 21 ans, obtient son tour lors du troisième match de la série de première ronde contre les Rangers de New York.
Le jeune gardien ne laisse passer qu’un but dans ce match. Il ne quittera plus la cage des Penguins par la suite, sauf l’instant d’une partie en finale d’association, lorsque Fleury retrouve brièvement sa place habituelle.
Avec Murray, Penguins évincent les Rangers en cinq matchs, les Capitals de Washington en six, le Lightning de Tampa Bay en sept, puis soulèvent la quatrième coupe de leur histoire devant les Sharks de San Jose, qu’ils battent en six en finale.
Cette performance, et celle de l’année suivante, sonnera le glas de Fleury à Pittsburgh.