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Canadiens de Montréal

Sept enjeux majeurs pour les Canadiens

Jean-François Chaumont / Le Journal de Montréal

Publié | Mis à jour

Les Canadiens de Montréal s’envoleront pour l’Ouest canadien lundi. Il y aura trois arrêts et trois matchs : contre les Oilers mardi à Edmonton, contre les Flames jeudi à Calgary et contre les Canucks samedi à Vancouver.

Au retour de ce périple, le Tricolore aura joué 20 matchs, soit pratiquement le quart de la saison. Avec un dossier de 9-5-3 et le troisième rang dans la section Atlantique, Claude Julien et ses hommes ont surpassé les attentes. Mais la prochaine mission sera de maintenir le rythme. «Le Journal de Montréal» a dressé une liste de sept enjeux à surveiller d’ici les prochaines semaines.

1. Le cas Price

Carey Price l’a dit lui-même. Il ne joue pas à la hauteur de son talent et le bobo se retrouve entre ses deux oreilles. Le numéro 31 a montré deux visages depuis le début de l’année. Il y a eu le Price des beaux jours et le Price de l’an dernier. Jusqu’au 28 octobre, il a présenté un dossier de 4-1-2 avec une moyenne de 2,13 et un taux d’efficacité de ,922. Depuis son jeu blanc contre les Bruins au TD Garden de Boston, il a perdu ses repères. À ses cinq derniers départs, il affiche un dossier de 1-3-1 avec une moyenne astronomique de 4,41 et un taux de ,854. Il a accordé trois buts ou plus à chacune de ses cinq dernières sorties.

Afin de lui redonner confiance, Claude Julien l’a reposé pour la visite de Max Pacioretty et des Golden Knights de Vegas, samedi, au Centre Bell. La stratégie a fonctionné, puisque le CH l’a emporté 5 à 4 contre les finalistes de la Coupe Stanley. Sans présenter des chiffres incroyables (3,30 et ,894), Antti Niemi fait son boulot de gardien substitut depuis le début de l’année avec quatre victoires en cinq matchs. Niemi permet à Price de respirer un peu mieux. Mais pour rester dans la course pour une place en séries, Julien priera pour le retour de Price au sommet de son art.

Les plus optimistes s’encourageront à l’idée que Price n’est plus l’unique gardien étoile à battre de l’aile en ce début de saison. À Boston, Tuukka Rask (3,05 et ,901) vit aussi des jours sombres. Les Bruins lui ont donné la permission de prendre une pause pour des raisons personnelles. À Pittsburgh, Matthew Murray (3,87 et ,886) connaît lui aussi un faux départ. Idem pour Braden Holtby (3,26 et ,903) avec les Capitals de Washington et Jake Allen (3,99 et ,879) avec les Blues de St. Louis.

2. Le retour prochain du capitaine

Shea Weber a joué son dernier match dans l’uniforme du CH le 16 décembre 2017 lors de la Classique hivernale à Ottawa. À moins d’un recul inattendu dans sa période de rééducation, le colosse reviendra au jeu avant de célébrer son premier anniversaire à l’infirmerie. Le défenseur, qui a hérité du titre de capitaine avec le départ de Pacioretty, se retrouve dans l’entourage de l’équipe depuis déjà quelques jours. Il a accompagné ses coéquipiers lors du récent voyage à Brooklyn et Manhattan.

Julien joue la carte de la prudence quand on lui demande de se mouiller sur une date probable pour un retour. «On ne bousculera rien avec lui, il jouera quand il sera à 100%», a répété à plusieurs reprises Julien. Sans Weber depuis le jour 1 du camp, le CH a réussi à maintenir une fiche gagnante. L’équipe gagnera dans tous les aspects lorsqu’il sautera enfin sur la glace, que ce soit pour les unités spéciales, le jeu à cinq contre cinq, l’expérience et le leadership. Si Weber a multiplié les partenaires l’an dernier à la ligne bleue, Mike Reilly pourrait devenir le candidat idéal pour jouer à sa gauche.

3. Du trafic à la ligne bleue

Marc Bergevin a toujours dit qu’une bonne équipe n’a jamais trop de défenseurs. Avec le retour du très fragile David Schlemko face aux Golden Knights et avec le retour prochain de Weber, le CH se retrouvera avec neuf défenseurs. C’est à condition qu’il n’y ait aucun blessé à la ligne bleue d’ici les prochains jours ou semaines.

Avec neuf défenseurs, il y aura assurément un homme en trop, peut-être même deux. La décision facile serait de retourner les jeunes Victor Mete et Noah Juulsen avec le Rocket de Laval, puisqu’ils n’ont pas à passer par l’étape du ballottage. Mais Mete et Juulsen ont le talent pour jouer dans la Ligue nationale (LNH). Julien doit simplement vivre avec le fait qu’ils feront des erreurs. C’est normal pour des défenseurs de 20 et 21 ans. L’autre option possible consisterait à renvoyer Karl Alzner à Laval. À un salaire de 4,625 millions $ jusqu’à la fin de la saison 2021-2022, Alzner ne serait jamais réclamé. Depuis le début de l’année, le défenseur de 30 ans a regardé 11 des 17 matchs des siens de la passerelle de presse.

Si Bergevin n’ose pas le placer au ballottage, le DG devra regarder pour une transaction. Jordie Benn, qui connaît un bon début de saison et qui ne gagne que 1,1 million $, trouverait certainement preneur. Il serait plus sage de garder un défenseur de 25 ans comme Xavier Ouellet qui touche également un petit salaire à 700 000$.

4. Relancer les unités spéciales

Julien, Dominique Ducharme et Kirk Muller n’ont pas encore trouvé la bonne recette pour le jeu en supériorité numérique. Le CH occupe le 29e rang de la LNH à 13,6 %. À titre de comparaison, les Jets (34,8 %), les Capitals (32,7 %) et les Bruins (32,1 %) trônent au sommet du circuit à plus de 30 %. Le Tricolore est donc à des lunes des meilleures formations. L’arrivée prochaine de Weber donnera des munitions de plus avec son puissant tir, mais il ne métamorphosera pas à lui seul cette phase clé du jeu. Il serait probablement temps d’offrir une chance à Jesperi Kotkaniemi au sein de la première vague. Il n’a que 18 ans, mais sa vision du jeu et ses qualités de passeur feraient de lui un atout intéressant. Ça ne coûterait rien d’essayer.

Pour l’infériorité numérique, le Tricolore a retrouvé un taux respectable à 81,7 %, ce qui est bon pour le 11e rang. Avant la visite des Golden Knights, la bande de Julien n’avait pas donné de but en désavantage numérique à ses cinq derniers matchs.

5. Un test de profondeur

Paul Byron et Joel Armia sont à l’infirmerie. Pour Byron, on parle d’une évaluation sur une base hebdomadaire. Dans le cas d’Armia, il manquera de six à huit semaines en raison d’une blessure au genou droit. Le CH a ainsi perdu deux ailiers du top 9 à l’attaque. Kenny Agostino a reçu un rappel du Rocket. À ses deux premiers matchs sous les couleurs du Tricolore, Agostino s’est assez bien débrouillé avec une mention d’aide et un temps de jeu moyen de 13 minutes. À ses quatre premières saisons chez les pros, il a toujours récolté de bonnes statistiques au niveau de la Ligue américaine, mais il n’a jamais gagné une place à temps plein dans la LNH. Il aura sa chance d’ici les prochains jours. À lui de la saisir.

-Charles Hudon, qui a encore glissé au sein d’un quatrième trio, aura aussi des mandats plus offensifs. La constance sera la clé pour le numéro 54. Renvoyé à Laval pour une période de reconditionnement, Nikita Scherbak a manqué le dernier match en raison d’une blessure au bas du corps. Si Scherbak doit s’absenter pour une assez longue période, Bergevin pourrait lancer un SOS à Michael Chaput, qui a connu un bon camp, ou Jake Evans, qui a amassé sept points à ses sept derniers matchs.

6. Domi peut-il maintenir le rythme?

Max Domi s’avère une véritable bénédiction pour le CH. En plus de solidifier drôlement la ligne de centre, Domi produit à un rythme d’enfer avec 21 points (9 buts, 12 aides) en 17 matchs. Avec 21 points, il flirte avec le sommet des pointeurs de la LNH. Avant les matchs de dimanche, le fils de Tie était à seulement trois points des meneurs, Patrice Bergeron et Mikko Rantanen.

À ses trois premières saisons dans la LNH avec les Coyotes de l’Arizona, Domi a récolté 52, 38 et 45 points. C’était donc impossible de lui prédire une saison de plus de 70 points, et ce, malgré un changement d’environnement. Quand on analyse ses statistiques, on remarque qu’il a maintenu un rythme d’un point par rencontre depuis le mois de mars 2018. À ses 20 derniers matchs dans le désert, il avait obtenu 18 points (4 buts, 14 aides). À ses 37 derniers matchs, il a donc 39 points (13 buts, 26 aides).

7. Kotkaniemi poursuivra son apprentissage

Kotkaniemi est l’une des belles histoires en ce début de saison chez le CH. Oui, il a juste 18 ans. Oui, il est un jeune 18 ans, puisqu’il est né le 6 juillet. Mais il a le talent et l’intelligence pour suivre la cadence. Utilisé pour un peu moins de 14 minutes par match, il a déjà 9 points (3 buts, 6 aides) et il présente un dossier de +1 à ses 17 premiers matchs dans la LNH.

Avec le départ à la retraite de Tomas Plekanec, c’est maintenant écrit dans le ciel. Kotkaniemi restera à Montréal jusqu’à la fin de la saison. Il a gagné son pari. Et il représente une bouchée d’air frais dans le vestiaire de l’équipe. Son sourire est tout simplement contagieux.