George McPhee et les Golden Knights de Vegas avaient une stratégie assez claire au repêchage d’expansion. Le directeur général désirait acquérir le plus de défenseurs possibles afin de construire son équipe, mais aussi d’en utiliser comme monnaie d’échange.
Des 30 joueurs sélectionnés au repêchage d’expansion le 21 juin dernier, les Knights ont réclamé 13 défenseurs. Du groupe, Marc Methot, Alexei Emelin, David Schlemko et Trevor van Riemsdyk n’ont jamais eu le temps de visiter la ville du jeu. McPhee les a échangés pour garnir encore plus sa banque de choix.
Il y a un jeune défenseur que les Golden Knights n’avaient absolument pas l’intention de sacrifier. Et c’est Shea Theodore. McPhee a bien joué ses cartes avec les Ducks d’Anaheim. Coincés par la clause de non-échange de Kevin Bieksa, les Ducks n’ont pu protéger Theodore. Les Knights ont sauté sur l’occasion pour l’obtenir avec comme condition de réclamer Clayton Stoner et libérer les Ducks d’un lourd contrat.
Un détour par Chicago
Si Theodore fait maintenant partie du top quatre des défenseurs des Knights et qu’il joue un rôle clé depuis le début des séries, il n’a pas suivi le chemin le plus facile cette saison.
Encore une fois pris avec trop de défenseurs, les Knights l’avaient retranché à la fin du camp. Il revivait ainsi la même routine des deux dernières saisons avec les Ducks en faisant la navette entre la Ligue américaine et la Ligue nationale de hockey (LNH).
«À la fin du camp, le message de la direction était très clair, a expliqué Theodore. J’avais assez bien joué pour gagner un poste parmi le top six à la ligne bleue, mais je devais retourner dans la Ligue américaine en raison de différents facteurs. J’étais le seul défenseur qui n’avait pas à passer l’étape du ballottage. Il n’y avait donc aucun risque de me perdre.»
«George McPhee m’a demandé de rester patient et qu’il avait des plans pour moi, a-t-il poursuivi. Il me disait que dans un avenir rapproché j’étais pour jouer un rôle important avec l’équipe. Je lui ai fait confiance, j’ai toujours senti qu’il me disait la vérité. Au camp des Knights, j’avais le sentiment que je venais de jouer le meilleur hockey de ma jeune carrière dans la LNH.
«Je ne m’attendais pas à un renvoi à Chicago, c’était difficile, mais je comprenais le choix de l’organisation. C’était une question de chiffres. Parmi les attaquants, Alex Tuch a aussi ouvert la saison dans la Ligue américaine même s’il avait connu un bon camp. Aujourd’hui, nous faisons partie de l’équipe en finale de la Coupe Stanley.» - Shea Theodore
Theodore n’aura finalement joué que huit rencontres avec les Wolves de Chicago, alors que Tuch aura passé seulement quatre rencontres là-bas.
Le calme de Fleury
Utilisé aux côtés de Deryk Engelland depuis le début des séries, Theodore se retrouve maintenant à trois victoires d’une conquête de la Coupe Stanley.
«C’est difficile d’imaginer que nous aurons la chance de gagner la Coupe Stanley, a-t-il raconté. À une plus petite échelle, j’ai gagné le Championnat du monde junior en 2015 avec Équipe Canada. C’était un gros tournoi et je rêvais de cette médaille depuis plusieurs années. Mais je rêve d’une conquête de la Coupe Stanley depuis que je joue au hockey dans la rue ou sur la glace.»
Theodore ne cherche pas pendant des heures pour identifier le grand artisan du parcours improbable de son équipe.
«Marc-André Fleury, lance-t-il immédiatement. C’est fou de voir comment il reste calme devant son filet. Il a toujours un sourire dans le visage. Nous vivons parfois des moments très intenses pendant un match, mais il trouve le moyen de te faire rire pendant une pause publicitaire ou un arrêt de jeu. Il a un don pour calmer ses coéquipiers.»
«En finale de l’Ouest, il a même trouvé une façon de chatouiller l’oreille de Blake Wheeler. Je n’avais jamais vu ça de la part d’un gardien. Mais c’est Flower, il aime son sport, il aime rire et il ne se prend pas au sérieux. Avant le camp, je connaissais la réputation de Fleury. On le décrivait comme le coéquipier parfait. Tu peux croire que c’est un cliché ou un peu exagéré, mais dès que tu le rencontres, tu réalises que c’est le cas.»