SPO-HKO-HKN-WINNIPEG-JETS-V-VEGAS-GOLDEN-KNIGHTS---GAME-FOUR

Crédit : AFP

VGK-WAS

Cinq théories pour expliquer les succès des Golden Knights

Publié | Mis à jour

Il se passe quelque chose d’impensable dans la LNH. Une équipe composée de joueurs abandonnés par les autres formations a atteint la finale dès sa première année d'existence.

Parce que l’humain a horreur de ce qu’il ne peut pas comprendre ou concevoir, les analystes – et les dirigeants de la LNH – tenteront maintenant de tirer des leçons du parcours abracadabrant des Golden Knights de Vegas. Ou Golden «Misfits» (inadaptés), c’est comme vous voulez.

Pourquoi et comment une telle surprise est-elle survenue? Le TVASports.ca a décidé de faire sa propre enquête. Voici cinq théories pour expliquer les succès de l’équipe d’expansion.

Vous ne pourrez pas nous reprocher de ne pas avoir essayé...

1.  Fleury est incroyable

Parfois, on se creuse la tête alors que la réponse n’est pas si loin.

Les performances du gardien Marc-André Fleury ne sont rien de moins qu’historiques. Chez les gardiens ayant joué au moins 10 matchs dans une année des séries éliminatoires, personne n’a affiché un taux d'efficacité supérieur à celui qu'il affiche présentement (0,947).

On répète : personne dans l’histoire de la Ligue nationale de hockey.

Selon une formule développée par le site de statistiques avancées Corsica, Fleury aurait empêché 17,56 buts de plus qu’un gardien «moyen» de la LNH qui aurait été envoyé dans la mêlée à sa place.

On s’exprime bien entendu en termes théoriques, mais 17,56 buts en séries est énorme.

Plus simplement dit : les Golden Knights ne seraient simplement pas de la finale s’ils n’avaient pu compter sur un gardien offrant l’un des meilleurs rendements de l’histoire des séries.

2. George McPhee a pu bâtir l’équipe moderne

Le style de jeu du circuit a considérablement changé dans la dernière décennie. La vitesse fait foi de tout et les petits comme les jeunes joueurs font de plus en plus leur place.

Les directeurs généraux ont été forcés à s’adapter, mais plafond salarial oblige, on ne modifie pas l’ADN de son équipe en criant ciseaux.

En construisant de A à Z, McPhee a ainsi eu l’occasion rêvée de bâtir l’équipe moderne de la LNH, c’est-à-dire, une formation accablant l’adversaire avec sa vitesse. 

À l’attaque, Jonathan Marchessault, William Karlsson, Reilly Smith et Erik Haula sont entre autres d’excellents patineurs.

En defensive, on retrouve dans chaque paire au moins un défenseur agile qui excelle dans le jeu de transition. On n’a qu’à penser à Nate Schmidt - l’arrière le plus utilisé par Gerard Gallant -, Shea Theodore et Colin Miller. Les Golden Knights sont ainsi capables d’accéder à l’enclave en lançant des contre-attaques rapides à partir de leur propre territoire.

Il faut avouer que McPhee a sans l'ombre d'un doute bénéficié des règles les plus favorables de l'histoire du circuit pour une équipe d'expansion. Plusieurs équipes, notamment le Wild et les Ducks, ont été confrontées à un dilemme sachant qu'elles ne pouvaient protéger que sept attaquants, trois défenseurs et un gardien, ou huit patineurs et un gardien. En 2000, les équipes ont pu protéger neuf attaquants, cinq défenseurs et un gardien, ou sept attaquants, trois défenseurs et deux gardiens!

3. La mentalité de laissés-pour-compte  

Leur ancienne équipe avait accepté de les laisser filer. Tous les analystes avaient prédit en chœur l'échec de leur nouvelle équipe. Ils ont finalement réussi là où nombreux les voyaient échouer et en ont fait une fierté.

Le processus d’expansion a ceci de spécial qu’il crée des emplois pour des joueurs se démenant à décrocher un poste dans la meilleure ligue au monde. Ceux-ci n’ont aucune raison de retirer leur pied de la pédale alors qu’ils obtiennent soudainement la chance tant espérée. D'autres joueurs plus établis avaient dû se contenter de responsabilités modestes et trépignaient d’impatience à l’idée d’occuper des rôles de premier plan.

Ainsi, plusieurs individus se retrouvant grossièrement dans la même situation ont été réunis et partagaient cette motivation ardente de confondre les sceptiques. De telles conditions ont favorisé une proximité entre les joueurs, qui se sont ralliés derrière un but commun. Dans tout ça, ça ne nuit certainement pas d'avoir un entraîneur-chef près de ses joueurs de la trempe de Gallant, qui a appuyé sur les bons boutons.

William Karlsson a prononcé ces mots éloquents après une victoire dans la série contre les Sharks: «Nous sommes les inadaptés (Golden Misfits).»

SPO-HKO-HKN-WINNIPEG-JETS-V-VEGAS-GOLDEN-KNIGHTS---GAME-FOUR
Crédit photo : AFP

Aujourd'hui, on sait bien que les Golden Knights sont une équipe sérieuse. Ça ne fait plus de doute. Mais cette identité de laissés-pour-compte demeure embrassée par l'équipe dans les moments d'adversité.  

«C'était bien pour briser la glace au début de la saison, a affirmé Pierre-Édouard Bellemare au Las Vegas Review-Journal. Au bout du compte, nous sommes des joueurs qui n'ont pas été protégés, c'est ce qu'on a en commun et je crois que cela nous a aidés.»

4. L’uniformité du talent

Avant le début du calendrier régulier, les «Knights» ne comptaient aucun joueur portant le statut de vedette. On a fini par comprendre qu’ils étaient tout simplement composés de plusieurs «bons» joueurs. Le talent est assez uniformément réparti. Au moment d'établir des pronostics, certains analystes voyaient mal comment cette équipe ne possédant pas un seul joueur appartenant à l'élite pouvait réussir. Et si c'était exactement ce qui a fait sa force? 

Dans son best-seller «Captain Class», Sam Walker associe des vertus au talent uniforme au sein d'un club. Il s’est appuyé sur une étude menée par des chercheurs de deux universités du Texas auprès d’étudiants qui devaient travailler en groupes pour répondre à des questions. Dans les équipes où le niveau d’un étudiant était beaucoup plus haut que celui de ses coéquipiers, le groupe obtenait un résultat décevant. La «supervedette» dominait la discussion, alors que les groupes formés de plusieurs individus au-dessus de la moyenne arrivaient à leurs fins d’une façon démocratique et parvenaient à un consensus.

En bref, avoir une supervedette était bénéfique... si la disparité de talent n’était pas trop forte! 

On comprend très bien comment ce principe s’applique au sport : une équipe menée par un ténor à des années-lumière de ses compagnons verra ses joueurs trop s'en remettre à lui.

Bien entendu, William Karlsson a connu une superbe saison, mais il est loin d’être le seul à avoir contribué. Il y a un certain lien à établir avec ses 43 buts et les 48 mentions d’aide de Jonathan Marchessault. Au sein des Golden Knights, on compte cinq joueurs ayant fourni au moins 50 points en saison régulière et on en dénombre aussi cinq à avoir marqué au moins 20 buts.

5. «Vegas Flu»

Las Vegas ne s’appelle pas la ville du vice pour rien.

Les Golden Knights ont amassé 29 victoires à la maison durant la saison régulière, le troisième meilleur total de la LNH (ex aequo avec les Maple Leafs et le Lightning). En séries, la formation du Nevada montre une brillante fiche de 6-0-1 au T-Mobile Arena.

Les attraits du «Strip» jouent-ils un vilain tour aux équipes adverses? Il s'agit d'un facteur selon le défenseur Nate Schmidt. 

«Je crois certainement que oui, a-t-il affirmé dans une entrevue avec ESPN au mois de décembre. Tu vois toutes ces brillantes lumières. Particulièrement si tu restes proche du Strip. Si tu es dans ce coin, c’est difficile. Chaque fois que tu marches, tu les vois.»

Et Dieu sait que les nuits sont longues dans la «capitale mondiale du divertissement»... 

«Le problème, c’est qu’il y a des last call dans la plupart des villes. Eh bien, il n’y en a pas à Las Vegas, a dit un dirigeant d’une équipe de l’Association de l’Ouest à ESPN. Tu bois. Tu peux faire ce que tu veux. Ça n’arrête jamais.»