La meilleure des négociations est celle qui aboutit à une situation gagnant-gagnant, quand tout le monde y trouve son compte. C’est le cas dans le transfert de Ballou Tabla au Barça B, l’équipe réserve du club catalan.
Ballou, on le sait, rêvait d’Europe. Au lieu de rêver sa vie, il se voit ici donner l’opportunité de vivre son rêve. Le Barça B, de son côté, récupère un jeune joueur pétri de talent, au nez et à la barbe de Chelsea qui était prêt, il y a quelques mois, à l’accueillir (pour le prêter dans la foulée afin qu’il s’aguerrisse).
Et l’Impact, dans tout ça? Le club a surtout mis de l’avant le côté historique et prestigieux de l’opération, par la voix de son président, Joey Saputo. « Ce premier transfert [d’un produit de l’Académie] est un moment important dans l’histoire et l’évolution de notre club. »
Mais l’Impact peut également s’estimer gagnant de la vente de son joueur de 18 ans, qui n’a même pas encore effectué une saison pleine avec l’équipe première (2 buts et 2 passes en 21 matchs). En effet, le montant de la transaction se situe dans les sept chiffres. On parle donc de million(s).
L’accord prévoit également des bonus pour le Bleu-Blanc-Noir en fonction de l’évolution de Ballou au sein de l’organisation barcelonaise, ainsi qu’un pourcentage à la revente – c’est-à-dire que si Barcelone vend Ballou, un pourcentage prédéfini reviendra au club montréalais.
Mieux, l’Impact n’aura pas à partager l’argent du transfert avec la ligue. Jusqu’à la saison passée, la MLS gardait 25% du total de la vente d’un joueur formé au club. Une règle ayant visiblement changé pour récompenser les clubs formateurs, qui changent aujourd’hui le visage du circuit Garber.
Avec 100% de l’argent du transfert dans les poches, l’Impact va se montrer proactif, le président Saputo ayant décidé de l’utiliser pour renforcer l’effectif... dans la mesure permise par la ligue. En effet, le règlement de la MLS n’autorise les clubs qu’à réinvestir un maximum de 750 000 dollars (anciennement 650 000) du montant d’un transfert dans l’amélioration de l’équipe première. Cette somme prend alors la forme d’allocation monétaire de base (GAM, en anglais).
Un geste qui devrait rassurer les partisans sur la volonté du président Saputo d’offrir une équipe compétitive dans un contexte où le club est déficitaire.
Parlant de finances : même sans dévoiler le montant exact du transfert de Ballou, je suis en mesure de vous dire qu’il équivaut à 10% de l’investissement total réalisé par l’Impact dans son Académie.
Autrement dit, il faudrait neuf autres ventes similaires à celle de Ballou pour que le club rentre dans ses frais au niveau de l’investissement dans la formation.
La question qui tue, dans ce contexte financier, est la suivante : combien de « Ballou » l’Impact dispose-t-il dans son Académie ?