Les dernières journées ont été difficiles.
Le monde du hockey a perdu un grand homme et un grand athlète avec le décès de monsieur Jean Béliveau.
Je n'ai pas eu la chance de voir Béliveau jouer. Je l'ai rencontré à quelques reprises et j'en garde des souvenirs impérissables.
Béliveau a remporté 10 coupes Stanley en tant que joueur. Il a dominé son sport comme peu d'athlètes ont pu le faire. Il est une légende. Il est incomparable. Il a su inspirer des générations d’athlètes qui l’ont suivi.
Jeudi soir, nous avons assisté à un autre moment de grande classe. Daniel Alfredsson est retourné à Ottawa pour se retirer en tant que membre des Sénateurs. Une réconciliation émouvante. Alfredsson n'a jamais gagné la coupe Stanley. Il n'a pas marqué son sport comme M. Béliveau l'a fait, mais les deux avaient beaucoup de points en commun.
J'ai amorcé ma carrière de journaliste sportif en 1999. Je couvrais les activités des Sénateurs. J'ai vu Alfredsson jouer pour des équipes dominantes, tout comme des équipes médiocres. Jamais il n'a changé. Tout ce qu'il souhaitait, c'était de gagner. Il se présentait chaque soir et il donnait l'exemple.
Alfredsson plaçait l'équipe - toujours l'équipe - avant tout. Il s'est toujours comporté avec classe, avec grâce. Il traitait les gens avec respect. Il prenait toujours de temps de signer des autographes et de parler aux partisans.
Lorsqu'il s'est adressé à la foule et d'une certaine façon à la ville d'Ottawa jeudi soir, une ville qu'il a inspirée, qu'il a fait vibrer, qu'il a honorée par ses performances son comportement et son implication communautaire, Alfredsson a dit peu de mots. Il a remercié les partisans de l'avoir adopté et l'organisation de lui avoir donné sa chance.
Pour Alfredsson, comme Béliveau, les gestes sont beaucoup plus porteurs que les paroles. Le temps des cérémonies d'avant-match jeudi soir, Erik Karlsson avait redonné le «C» à Alfredsson.
Lorsque les quatre garçons d'Alfredsson se sont présentés sur la glace pour la mise au jeu protocolaire, ils portaient le no 65 de Karlsson. Le message était clair, Alfredsson passait le flambeau à son compatriote.
Personne ne se compare à l'unique et distingué Jean Béliveau. À une bien plus petite échelle, Alfredsson a marqué son organisation en suivant les mêmes principes que Béliveau: équipe avant tout, respect, classe, dignité et performances. Tout comme Béliveau, Alfredsson a réécrit les livres des records de l'équipe. Il a marqué de gros buts et livré des performances inoubliables. M. Béliveau est l'un des plus grands, sinon le plus grand joueur de l'histoire de la LNH. Alfredsson a été le plus grand joueur de l'histoire des Sénateurs d'Ottawa.
Béliveau a aidé à bâtir et perpétuer une tradition d'excellence. Avant Alfredsson, le mot tradition chez les Sénateurs n'existait pas. Le Suédois a jeté les bases de cette tradition à Ottawa. Non il n'a pas gagné de coupe Stanley, bien qu'il ait été le premier capitaine européen a mené son équipe en finale. Mais il a démontré à ceux qui l'ont suivi que l'emblème des Sénateurs est important. Il leur a démontré comment se comporter. Il a établi des standards.
Dans son dernier geste en tant que joueur des Sénateurs d'Ottawa, Alfredsson a remercié les partisans en français. De la grande classe d'un grand homme. Jean Béliveau s'est éteint, mais d'autres ont suivi son exemple. M. Béliveau aurait été fier d'Alfredsson.
Merci, messieurs Béliveau et Alfredsson.