L'esprit de Coin

Photo : Bel esprit sportif de Julie Coin, au Challenger de Granby Crédit : Agence QMI / Jean-François Desgagnés

Paul Rivard

Esprit sportif

Esprit sportif

Paul Rivard

Publié 21 juillet 2014
Mis à jour 21 juillet 2014

Esprit sportif

Les exemples de beaux comportements, entre athlètes, sont nombreux, tous sports confondus. La poignée de main à la fin des matchs de tennis, des rondes de golf, de séries éliminatoires de hockey ou autres confrontations internationales en sont la démonstration la plus répandue.

Ce que j’ai vu à Granby, samedi après-midi, était aussi simple que beau.

Julie Coin dispute la demi-finale du Challenger de l’endroit face à sa compatriote française Stéphanie Foretz qui l’emportera éventuellement en trois manches.

Au plus fort de sa remontée, au deuxième set, Coin rate son retour de service. Mais on entend le juge de ligne déclarer la balle de service de Foretz à l’extérieur. Comme la balle semblait avoir touché la ligne, Foretz regarde l’arbitre de chaise qui a le pouvoir de corriger, surtout que le service était du côté rapproché de l’officiel. L’arbitre en chef maintient la décision du juge de ligne et accorde le point à Julie Coin. Mais voilà que cette dernière, à la surprise générale, va pointer de sa raquette un endroit sur la ligne et déclare : «Elle était bonne!» Conséquemment, le point est allé à Foretz. Et le jeu aussi!

Honnêté, amitié

Beaucoup de spectateurs se sont regardés, affichant cette petite moue de surprise et d’admiration. Coin avait l’occasion d’actualiser un peu plus son retour et voilà qu’un coup du sort (l’erreur humaine) venait de lui donner un coup de pouce. Mais elle a refusé, comme le font bien des joueuses et des joueurs de tennis, d’engranger un point qu’elle n’avait pas mérité. Appelez ça l’honnêteté, l’esprit chevaleresque, la grandeur d’âme ou même l’inconscience. Moi, j’appelle ça tout simplement l’esprit sportif.

Et l’amitié, également.

Car il faut savoir que Coin et Foretz sont de vielles copines. Âgées respectivement de 31 et 33 ans, elles sont au crépuscule de leur carrière et disputent ces tournois de troisième niveau tant pour accumuler un peu d’argent qu’un peu de ces précieux points au classement. Mais aussi parce que c’est un boulot qu’elles aiment. Il est loin le mirage d’un retour à l’avant-plan, dans les gros tournois et les prestigieux événements du Grand Chelem. Mais elles savent que le tennis est ce qu’elles on fait toute leur vie et qu’elles tentent d’en profiter encore un peu.

Julie Coin, toutefois, semblait à la croisée des chemins, lorsque mon collègue Alexandre Régimbald l’a interviewé après sa défaite. La voix chevrotante, on sentait monter les larmes lorsqu’elle se demandait si elle allait continuer encore longtemps. Elle était bien sûr en proie à ce questionnement existentiel qui trotte plus souvent dans la tête d’une athlète, arrivé au-delà de la trentaine, quand les jeunes louves vous ont arraché une partie de votre place au soleil et de votre confiance. (Comme Eugenie Bouchard l'avait fait le 21 juillet 2012, sur ce même terrain...)

Malgré tout, dans le feu de l’action, pendant cette deuxième manche, elle n’a jamais hésité à renverser la décision de deux officiels pour que justice soit rendue à sa rivale et amie. Au point de perdre le jeu. Au point de se mettre en danger un peu plus.

Simple et banal, vous disais-je. Mais beau