«Si je reviens, ce sera de la façon que je veux et sous certaines conditions.»
Georges St-Pierre a accordé une entrevue à la chaîne TVA Sports, mercredi. Fort d’une pause méritée, l’enfant prodige québécois des arts martiaux mixtes, est en pleine santé, autant physique que mentale.
Par contre, on sent que la question du dopage dans son sport continue de lui trotter dans l’esprit. Le désir d’effectuer un retour dans l’octogone semble brûler en lui, mais GSP n’aime pas ce qu’il voit.
«Les gens n’ont aucune idée, a-t-il laissé tomber à la reporter Nancy Audet, mercredi. Les combattants peuvent se transformer en cyborgs, en robots. Ils peuvent être plus forts, plus endurants et plus agressifs au niveau psychologique. C’est énorme la différence.
«Dans l’octogone, tu peux laisser ta vie. Tu peux subir des dommages cérébraux, perdre un bras, avoir des ecchymoses», a ajouté St-Pierre, pour qui sa propre santé et celle des autres prime sur tout.
«Je sais qui, quoi, quand, où et comment»
Le combattant de Saint-Isidore a fait des déclarations au sujet du dopage avant et après son duel controversé remporté sur décision partagée des juges contre l’Américain Johny Hendricks, le 16 novembre dernier à Las Vegas dans le cadre de l’UFC 167.
Loin de lui l’idée de s’en prendre au président Dana White et à l’Ultimate Fightning Championship (UFC), l’organisation à laquelle il doit en partie une glorieuse carrière, mais même avec du recul, St-Pierre a toujours soif de changement.
«Je sais beaucoup de choses. Je sais qui, quoi, quand, où, comment. Je sais qui fournit quoi. Il y a un pattern. Je n’accuserai personne, jamais. Je ne juge personne. Je veux changer le système. Si tu attaques un individu, il y en aura 20 autres qui arriveront. Ça ne changera rien.
«Mon but n’est pas de mettre des bâtons dans les roues de l’UFC, parce que c’est à cause d’eux que je gagne ma vie. Mon but est d’aider le sport et de le rendre encore plus grand qu’il est. La prochaine étape est de faire des tests antidopage plus efficaces. Le dopage, c’est un phénomène normal. Il y en a dans tous les sports.»
«Le meilleur promoteur au monde»
Selon les dires de GSP, la direction de l’UFC est en accord avec lui : les AMM doivent prendre des mesures pour devenir plus propres. Pourtant, Dana White a déjà eu des réactions virulentes après des sorties de sa vedette.
«Il n’y a pas vraiment de tension, a insisté St-Pierre. Je me suis entretenu avec Lorenzo Fertitta, le patron de Dana White (et propriétaire de l’UFC, NDLR). Il est d’accord avec moi sur le dopage.
«Pour ce qui est de Dana White, il s’en fout si tu l’aimes ou si tu ne l’aimes pas. C’est le meilleur promoteur au monde, il est incroyable, a répété l’athlète de 32 ans par trois fois, sinon plus. Il va te donner des frissons, tu vas vouloir voir ce qui se passe. Je ne lui en veux pas du tout pour ce qu’il a dit et ce qu’il a fait.»
Pas de rancune. L’UFC est la «famille de GSP» et il n’y a pas de chance de voir le Québécois se battre sous une autre bannière d’arts martiaux mixtes.
«Quand je fais quelque chose, je veux être le meilleur. Dans l’action, je pense à être champion à chaque moment de ma vie», dit-il, le résultat de son trouble obsessif-compulsif.
«Il se passait des choses dans mon sport que je n’aimais pas. Je voulais que les choses changent et je n’y arrivais pas. Je trouvais ça injuste, donc je me suis sorti de ça pour que les gens m’oublient.»
Mais personne n’oubliera Georges St-Pierre, surtout pas les partisans et amateurs d’AMM. Bon nombre d’entre eux doivent attendre impatiemment la décision de la vedette internationale, à savoir s’il se battra à nouveau, que ce soit à court, moyen ou long terme.
Pas besoin d’aide
Malheureusement, GSP n’a pas encore la réponse, même si on sent que son amour pour le combat prévaut. Son sport est son pain et son beurre, mais l’a «rendu presque fou», pour reprendre ses mots.
«Mon trouble obsessif-compulsif est ce même problème qui a eu un effet bénéfique sur ma carrière. Je crois que c’est aussi négatif parce que ça peut te rendre complètement fou et c’est ce qui était en train d’arriver.
«Je pourrais avoir de l’aide médicale, je pourrais prendre des pilules ou avoir de l’aide de psychologues. Mais je pense que tant et aussi longtemps que je suis dans le sport, c’est une bonne chose.
«Ça m’aide dans ma carrière, je ne veux pas que ça s’en aille. Si ça devient pire, à un niveau où ça me nuirait, peut-être que je devrais faire quelque chose, mais présentement je suis capable de fonctionner dans la société et de passer pour une personne normale», a-t-il ajouté sourire en coin.

Photo : «Si je reviens, ce sera de la façon que je veux.» Crédit : Capture d'écran TVA Sports